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31 mai

Un article de David Rofé Sarfati

 « L’INDIEN QUI MARCHE SUR LA MER », AU THÉÂTRE FESTIF, POPULAIRE ET HUMANISTE DE IVRY SUR SEINE

Oscar Castro fonde le théâtre Aleph à Santiago du Chili en 1967. La troupe propose des pièces de théâtre musicales remplies d’humour, de poésie et de dérision. L’Aleph devient une référence et un mythe dans le monde du théâtre latino-américain. Après avoir censuré leur travail, la dictature militaire arrête Castro et des membres de la troupe et les enferme deux ans en camps de concentration, puis les exile. Durant ses années prison, il écrit et joue des pièces et se compose pour devise « si les militaires nous voient tristes, ils nous auront enfermés une deuxième fois ».

C’est depuis 1977 dans son théâtre d’Ivry-Sur-Seine, où il réalise désormais ses créations et dirige sa nouvelle compagnie que l’on rencontre aujourd’hui Oscar Castro, au milieu de ses amis-comédiens, des t-shirts ou des portraits de Salvator Allende ou du Che Guevara et surtout derrière son sourire et sa joie de vivre qu’il a su préserver et sauver des pires endroits que la folie humaine ait généré. Amoureux de la vie, il perpétue avec sa troupe sa résistance joyeuse, généreuse, et trempée de tendresse à un monde qui oublie l’amour du prochain.

Qui mieux que Oscar Castro et son équipage pouvaient nous parler de l’exil, du pays perdu et de la claudication mentale de l’émigré. Dans « L’indien qui marche sur la mer » il tient le journal de bord d’une traversée et d’une installation en France de deux Maliens insouciants d’optimisme car le pessimisme ne serait qu’un luxe bien trop cher pour eux.

Dans cette odyssée théâtrale, nos croiserons des conteurs, des chanteurs, un musicien envoûtant, des donneurs de leçons, et des fonctionnaires zélés.

Le cœur du Théâtre d’Aleph bat à cet endroit là où il nous faut offrir nos armes et notre solidarité, à cet endroit aussi de l’hommage en creux à ceux qui sont morts dans la traversée.

Francois Essindi est un magnifique musicien, Adama Sacko et Mady Sacko les deux frères se révèlent être des comédiens attachants, le reste de la troupe est épatante et Oscar Castro, comédien nous saisit d’autorité en meneur d’une revue joyeuse cependant que politiquement vertueuse.