La démocratie de la peur

un voyage initiatique semé d’obstacles quasi insurmontables. C’est une guerre de sang et de feu où il est question de découvrir les racines du mal.

C’est le troisième volet de la trilogie d’Oscar Castro qui a commencé avec "La nébuleuse vie de José Miranda" suivie de "La brume" pour finir avec cette nouvelle création: "La démocratie de la peur".

Le fil conducteur qui unit les trois œuvres de cette trilogie est l’obsession de l’auteur de vouloir changer le monde pour le transformer en une source d’humanité.

José Miranda, artiste engagé, cherchait désespérément à se transformer en personnage d’une de ses œuvres de théâtre pour pouvoir aller libérer Don Quichotte et lutter avec lui pour l’humanisation du monde. Pour y parvenir il devait éliminer un des héros de ses pièces de théâtre et occuper sa place, puisqu’il considérait que la rencontre avec le Quichotte devait se faire de personnage à personnage. On n’a jamais su s’il était parvenu à ses fins : certains affirment qu’il a été empoisonné par ses personnages à la fin du spectacle, lorsqu’ils ont découvert ses mauvaises intentions… Différentes versions circulent quant à sa mort, certains spécialistes ont la certitude qu’il a été lancé sous le métro par le démon alors que l’auteur triomphait à Paris

Dans ce dernier volet de la trilogie, José Miranda se donne corps et âme dans une guerre à la vie à la mort des bons contre les méchants où s’entrelacent Dieu dont le vrai nom est Rigoberto, le Diable plus connu sous le nom de Nicanor, les trois rois mages, et la conscience de l’auteur. Cette guerre le conduit à une crucifixion avec une possible résurrection le troisième jour.

Pièce écrite par Oscar Castro
Mise en scène Oscar Castro
Musique Jean-Jacques Lemêtre
Chorégraphie Sylvie Miqueu
Traduction Natacha Moyersoen
Scénographie Bénédicte d’Albas
Lumières et videos Samuel Lardillier et Oscarito Castro
Son Natacha Moyersoen et Jules Archinova
Costumes Corine Jouvin / Conception des oiseaux Catherine Sorba

Avec Oscar Castro, Tom Courrèges, Ethan Creuzevault, Elisabeth De Andreis, François Essindi, Catherine Max Martineau, Oualid Meddah, Sylvie Miqueu, Meriele Miranda, Natacha Moyersoen, Catherine Sorba.

COMMENTAIRES DES SPECTATEURS

De nouveau, Oscar Castro nous invite à entrer dans l’univers de José Miranda, ce révolutionnaire qui veut changer le monde contre vents et marées pour le rendre plus humain. Au programme : utopies, sensibilité, profondeur, humour déjanté. Une compagnie professionnelle qui ne se prend pas au sérieux et une ambiance impossible à retrouver ailleurs qu’au théâtre Aleph. Un pur moment de plaisir !

Benedicta de Smet, Bruxelles, Belgique

Le Théâtre Aleph nous offre généralement des spectacles poético-philosophiques toujours gracieux, originaux, remplis d’humour et de fantaisie. La démocratie de la peur reste sur ce chemin.

Cette pièce m’a enchantée pour son ingéniosité, sa précision et la subtilité de son message. Dans cette œuvre nous croisons le chemin des trois rois mages, trois explorateurs du 21° siècle qui cherchent les méchants et s’interrogent sur les notions de Bien et de Mal. On rencontre aussi Dieu et le Diable, amis inséparables qui prétendent diriger le monde et les consciences ensemble. On comprend alors qu’il n’y a pas de Dieu sans Diable, l’un ne va pas sans l’autre. Les Dix Commandements revisités par José Miranda, non seulement sont hilarants, mais ils nous interpellent aussi sur notre libre arbitre et sur le fait que nous sommes gouvernés par la peur (de la maladie, de penser…) . Quant à José Miranda, dramaturge, Alter Ego d’Oscar Castro, il dialogue avec sa conscience, incarnée par une femme, pour rendre le monde meilleur et, à cette fin, il convoque en 2018 Don Quichotte, ce génial chevalier du XVI siècle qui voulait défendre les pauvres, lutter pour la justice et un idéal humaniste.

Comme Don Quichotte qui apparaissait comme un archaïsme fou et grotesque sorti des romans de chevalerie mais c’était "en réalité" un être lucide sur le monde impulsé par sa bonté et son idéalisme - José Miranda veut rencontrer Dieu pour qu’il l’aide à changer le monde.

Finalement ce será sa Conscience qui l’aidera à comprendre la vanité de sa quête, à ouvrir les yeux sur la nature humaine et l’accepter telle quelle sans amertume.

Oscar/José nous invite à continuer à penser le monde sans désillusion et avec optimisme. C’est ce qui me bouleverse et m’enchante à la fois.

La Démocratie de la peur est une pièce antireligieuse, anticapitaliste, anti-bêtise, profondément humaine et finalement esthétique. Le décor, les costumes, les lumières, les effets et le jeu des comédiens sont un véritable régal pour les spectateurs.

Merci à Oscar et toute la troupe.

Sylvie Bringant, Professeur d’espagnol, Paris 12ème

Quel plaisir de voir LA DÉMOCRATIE DE LA PEUR, dernière pièce de théâtre, écrite et mise-en-scène par Oscar Castro et dont le titre ne peut que nous allécher !

Cette pièce nous plonge dans la représentation d'un drame retransmis en direct sur "des écrans géants installés dans différentes capitales du monde" ! On y suit avec délectation le dramaturge José Miranda qui a ainsi promis de révéler les origines du mal ! Pour le dramaturge, l'enjeu de cette révélation est de taille car elle est sensée laisser place à une nouvelle ère de félicité ! Et si jamais, il n'atteint pas son objectif, il sera crucifié !

Pour incarner ce drame-mondovision haut en couleurs, José Miranda a choisi, en plus de sa propre personne et de quelques-unes de ses connaissances, des personnages hors du commun ! À ses côtés, sa conscience personnifiée en une femme sophistiquée et séduisante, dévoile au grand jour les méandres et les contradictions de sa pensée qui ne manquent pas de piquant. Les Rois Mages présents y forment un trio burlesque à la recherche de José Miranda pour l'aider à combattre le mal et on y trouve aussi Le Tout Puissant à l'humeur exubérante et dont le meilleur ami n'est autre que le luciférien Nicanor, qui lui, possède une âme fort tourmentée et se plaît à apparaître sous les traits de l’exécrable Mister Hopkins, adepte du libéralisme dans tous ses excès.

Oscar Castro interprète, lui-même, avec brio ce fameux José Miranda et tous les autres comédiens sont, eux aussi, totalement investis et crédibles dans leur personnage. On ne peut qu'apprécier la mise-en-scène astucieuse et dynamique au service de ce drame surréaliste qui nous embarque dans un univers métaphysique empreint de poésie et d'extravagances, où s’entremêlent références bibliques et considérations socio-politico-économiques reflétant avec pertinence les défis auxquels notre monde actuel est confronté. Par ailleurs, une création lumière, une composition musicale, des projections animées et des interludes chorégraphiques renforcent à merveille l'ensemble de la dramaturgie. Au final, on sort de cette pièce inspirante tout revigoré et plein d'Enthousiasme* pour tenter, tel José Miranda, de changer le monde à notre échelle !

* Dans LA DÉMOCRATIE DE LA PEUR, l'étymologie du mot enthousiasme est rappelée ou révélée à ceux qui ne la connaissent pas. Enthousiasme vient du grec ancien enthousiasmós qui signifie : être inspiré par un Dieu ou comme le dit plus poétiquement Angela, l'un des personnages de la pièce : « posséder à l'intérieur du corps tous les Dieux de l'univers »...

Anne-Sylvie Meyza, Metteur en scène, Comédienne, Scénariste, Réalisatrice

À première vue cette pièce ressemble à une fable. Le spectateur est plongé dans une dimension surréaliste et humoristique dès la première scène. Dieu et le diable devisent allègrement sur les hommes, une conscience passe et discute avec les autres personnages. Le protagoniste, José Miranda, que nous retrouvons dans ce dernier chapitre de la trilogie est toujours aussi burlesque. Les danses et la musique accompagnent le jeu et le rythme théâtral. Mais au-delà de la fable, on entre rapidement dans la tragi-comédie. Le thème de la quête infinie jamais assouvie, de la recherche de soutien et de la perte brutale emporte le spectateur vers des concepts plus existentiels, soutenus par une mise en scène métaphorique. Le protagoniste lutte pour rencontrer un sens à ses actes et à sa propre vie; les amitiés s’évaporent en fumée, les questions le poursuivent. Ses fragiles certitudes et croyances l’emmènent dans une chute et une solitude plus profondes encore. Cette dernière pièce de la trilogie est une fusion à multiples facettes, polysémique, qui conduit vers une introspection sur l’individuel, le collectif, pour, comme toujours dans les œuvres d’Oscar Castro, nous montrer la substance intime de l’être humain.

Delphine Grouès (professeure d’histoire à Sciences Po Paris)

Merci à toute la troupe du théâtre Aleph pour cette nouvelle création. Tout résonne ici et nous amène à nous repenser dans le monde d’aujourd’hui. Et comme d’habitude avec Oscar Castro et sa troupe nous le faisons avec humour, poésie et musique. Je suis sortie du théâtre avec de l’espoir malgré tout et cela fait du bien.

Laure Pourageaud, directrice des ressources humaines (Paris).