Actualités
SUD OUEST
30.09.2016
Article dans Sud Ouest après le prix du Public pour Exil sur Scène au festival de Biarritz Amérique Latine
ENTREVISTA EN GARA
30.09.2016
Entrevista con Jon Garmendia
UN DEUXIEME PRIX DU PUBLIC POUR EXIL SUR SCENE
1 octobre 2016
Prix du Public du meilleur film documentaire au Festival de Biarritz Amérique Latine.
Le film de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo a reçu ce 1 octobre 2016 le Prix du Public du meilleur film documentaire au Festival de Biarritz Amérique Latine.
Pour tous ceux qui auraient envie de faire un cadeau qui évoque la nécessité d'une humanité plus grande à l'égard des réfugiés
Pour tous ceux qui croient que la culture est un outil fantastique de réflexion et d'action collective…
Pour tous ceux qui font un pied de nez à la haine et au chaos…
Pour tous ceux qui ont envie de rire autant que de pleurer devant la folie qui menace.
Voici un bon moyen de (vous) faire plaisir…
Achetez en passant commande à cette adresse
La pelicula de Marina Paugam y Jean-Michel Rodrigo obtuvo el 1 de octubre de 2016 el Premio del Público del mejor documental en el festival de Biarritz América Laina (Francia)
Para todos aquellos que quieran hacer un regalo que evoque la necesidad de más humanidad hacia los refugiados…
Para todos los que creen que la cultura es una herramienta fantástica de reflexión y acción colectiva…
Para todos los que quieren hacer un palmo de narices al odio y al caos…
Para todos los a quienes les da tantas ganas de reír como de llorar frente a la locura que amenaza…
Aquí tienen un buen medio de dar o darse un gusto…
Compren el DVD haciendo pedidos a la dirección siguiente

TOUTE LA CULTURE.COM
31 mai
Un article de David Rofé Sarfati
« L’INDIEN QUI MARCHE SUR LA MER », AU THÉÂTRE FESTIF, POPULAIRE ET HUMANISTE DE IVRY SUR SEINE
Oscar Castro fonde le théâtre Aleph à Santiago du Chili en 1967. La troupe propose des pièces de théâtre musicales remplies d’humour, de poésie et de dérision. L’Aleph devient une référence et un mythe dans le monde du théâtre latino-américain. Après avoir censuré leur travail, la dictature militaire arrête Castro et des membres de la troupe et les enferme deux ans en camps de concentration, puis les exile. Durant ses années prison, il écrit et joue des pièces et se compose pour devise « si les militaires nous voient tristes, ils nous auront enfermés une deuxième fois ».
C’est depuis 1977 dans son théâtre d’Ivry-Sur-Seine, où il réalise désormais ses créations et dirige sa nouvelle compagnie que l’on rencontre aujourd’hui Oscar Castro, au milieu de ses amis-comédiens, des t-shirts ou des portraits de Salvator Allende ou du Che Guevara et surtout derrière son sourire et sa joie de vivre qu’il a su préserver et sauver des pires endroits que la folie humaine ait généré. Amoureux de la vie, il perpétue avec sa troupe sa résistance joyeuse, généreuse, et trempée de tendresse à un monde qui oublie l’amour du prochain.
Qui mieux que Oscar Castro et son équipage pouvaient nous parler de l’exil, du pays perdu et de la claudication mentale de l’émigré. Dans « L’indien qui marche sur la mer » il tient le journal de bord d’une traversée et d’une installation en France de deux Maliens insouciants d’optimisme car le pessimisme ne serait qu’un luxe bien trop cher pour eux.
Dans cette odyssée théâtrale, nos croiserons des conteurs, des chanteurs, un musicien envoûtant, des donneurs de leçons, et des fonctionnaires zélés.
Le cœur du Théâtre d’Aleph bat à cet endroit là où il nous faut offrir nos armes et notre solidarité, à cet endroit aussi de l’hommage en creux à ceux qui sont morts dans la traversée.
Francois Essindi est un magnifique musicien, Adama Sacko et Mady Sacko les deux frères se révèlent être des comédiens attachants, le reste de la troupe est épatante et Oscar Castro, comédien nous saisit d’autorité en meneur d’une revue joyeuse cependant que politiquement vertueuse.

EXIL SUR SCENE
19 MAI 2016
EXIL SUR SCENE DANS IVRY MA VILLE
L'article de Alternatives économiques sur le documentaire EXIL-SUR-SCENE de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo.
Rendez-vous au cinéma Le Luxy le 19 mai à 20h

EXIL-SUR-SCENE
19 mai 2016
EXIL-SUR-SCENE DANS ALTERNATIVES ECONOMIQUES
L'article de Alternatives économiques sur le documentaire EXIL-SUR-SCENE de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo.
Rendez-vous au cinéma Le Luxy le 19 mai à 20h

GUIMBA NATIONAL AU THEATRE ALEPH
10 avril 2016
Ce dimanche 10 avril, Habib Dembele est venu faire travailler les deux jeunes acteurs maliens qui jouent dans "L'indien qui marche sur la mer"
Nouvelle création du Théâtre Aleph inspirée d’un conte indigène du même nom.
La fiction et la réalité s’enchevêtrent dans cette tragédie qui relate l’histoire vraie de deux frères qui ont traversé la mer méditerranée en zodiac, espérant trouver un endroit dans le monde où ils pourront simplement "vivre" en paix. Dans cette Odyssée théâtrale, une tempête violente laisse les deux protagonistes abandonnés à leur sort. Ils croiseront l’indien Amaru qui possède le don de marcher sur la mer et qui a pour mission d’aider ces deux frères qui ont quitté le Mali à la recherche de la terre promise.
Cette histoire me touche profondément puisque mon théâtre s’est installé il y a maintenant quarante ans en France, lorsque j’ai vécu l’exil. Le temps change et s’endurcit pour tous les hommes persécutés dans ce monde. Face à ce drame humain, nous avons décidé de rendre hommage à ceux qui sont morts dans la traversée, et d’offrir nos bras et notre solidarité à ceux qui empruntent ce nouveau chemin de l’exil que l’Aleph a si bien connu.
Oscar Castro
Texte et mise en scène: Oscar Castro Chorégraphies : Sylvie Miqueu
Régie son : Jules Archinova
Lumières : Samuel Lardillier
Musicien: François Essindi
Avec : Mady Sacko, Adama Sacko, Oscar Castro, Sylvie Miqueu, Catherine Max Martineau, Natacha Moyersoen, François Essindi, Margarita Lopez Mendez, Jenibeth Cabarcas Yepes, Pamela Londono, Mylène Clairy, Sergio Bravo, Meriele Miranda.

EXIL SUR SCENE
14 mars 2016
PRIX DU PUBLIC AUX RENCONTRES DU CINEMA LATINO AMERICAIN DE BORDEAUX
Le film de Marina Paugam et Jean-Michel Rodrigo a reçu ce 14 mars 2016 le Prix du Public et une mention honorifique décernée par le jury dans la catégorie Meilleur documentaire indépendant des Rencontres du cinéma latino-américain de Bordeaux.
Pour tous ceux qui auraient envie de faire un cadeau qui évoque la nécessité d'une humanité plus grande à l'égard des réfugiés
Pour tous ceux qui croient que la culture est un outil fantastique de réflexion et d'action collective…
Pour tous ceux qui font un pied de nez à la haine et au chaos…
Pour tous ceux qui ont envie de rire autant que de pleurer devant la folie qui menace.
Voici un bon moyen de (vous) faire plaisir…
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La pelicula de Marina Paugam y Jean-Michel Rodrigo obtuvo el 14 de marzo de 2016 el Premio del Público y una mención de honor otorgado por el jurado por el Mejor Documental independiente en los Encuentros de cine latinoamericano en Burdeos (Francia)
Para todos aquellos que quieran hacer un regalo que evoque la necesidad de más humanidad hacia los refugiados…
Para todos los que creen que la cultura es una herramienta fantástica de reflexión y acción colectiva…
Para todos los que quieren hacer un palmo de narices al odio y al caos…
Para todos los a quienes les da tantas ganas de reír como de llorar frente a la locura que amenaza…
Aquí tienen un buen medio de dar o darse un gusto…
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Un artiste a deux obligations: "Partirʺ et ʺRevenir"
Mars 2016
Un artiste a deux obligations: "Partirʺ et ʺRevenir", disait le prophète.
Ce devoir de l’âme contient un jardin secret : les "retoursʺ. Dans mon cas, ce fut toujours : revenir à la terre qui m’a renié et revenir à la terre qui m’a accueilli.
Lors de mon dernier voyage, je n’ai pas eu la même sensation : cette fois je ne retournais pas au Chili, je revenais dans ma patrie. J’y ai reçu une maison qui m’a été confiée par le Gouvernement du Chili dans la commune de la Cisterna, dans la région métropolitaine de Santiago.
C’est le Ministre du Patrimoine, en présence de l’Intendant de la Région, du Ministre de la Culture et du Maire de la Commune, qui m’a remis les clés, après la lecture d’une lettre de la Présidente Michelle Bachelet, une lettre écrite spécialement pour ce moment magique, où elle rappelait qu’elle aussi avait participé aux premières heures de cette aventure théâtrale.
Alors que nous atteignons quarante ans de présence du théâtre Aleph en France, nous avons une maison à nous au Chili : deux événements majeurs à célébrer avec empanadas, pain fait maison, soupes magiques et vin rouge… Et avec deux spectacles évocateurs :
“La nuit suspendue”
Création 1982 / Adaptation 2016
L’histoire d’un réfugié latino-américain qui retourne à sa terre natale… Et tout a changé... Le paysage, les amis ne sont plus les mêmes, et lui aussi a changé. Une fiction écrite en 1982. (Prix du meilleur texte et de la meilleure mise en scène, aux Rencontres Charles Dullin de Villejuif en 1983)
ʺLa mer et la mortʺ
Création 2016
Une œuvre créée en hommage à ces êtres humains qui traversent la mer méditerranée en pensant qu’ils pourront trouver le paradis perdu.
Une pièce inspirée de “L’Exilé Mateluna”, un classique de l’Aleph.
Un abrazo.
Oscar Castro
Directeur du Théâtre Aleph
Un artista tiene dos obligaciones: “Partir” y “Volver”, decía el profeta. En esta obligación del alma hay un territorio secreto que son los “regresos”, en mi caso siempre fue volver a la casa que me echó y volver a la casa que me recibió.
En mi último viaje no tuve la misma sensación, esta vez no regresé a Chile, “volví” a mi patria. Fui a recibir una casa que me otorgó el Gobierno de Chile en la comuna santiaguina de La Cisterna, las llaves me las entregó el Ministro de Bienes Nacionales, en presencia del Ministro de Cultura, el Intendente de Santiago y el Alcalde del Municipio. En la ocasión se leyó una carta de la presidenta Michelle Bachelet escrita especialmente para ese momento mágico, en la que recordaba que ella también había participado en este teatro al inicio de esta aventura.
Cuando se cumplen cuarenta años desde que el Teatro Aleph llegó a Francia, tenemos casa propia en Chile. Dos enormes motivos para celebrar con empanadas, pan amasado, sopas mágicas y vino tinto, sumándole a la noche dos espectáculos evocadores.
“La noche Suspendida”
Adaptación
Es la Historia de un refugiado latino americano que vuelve a su tierra y todo ha cambiado…el paisaje no es el mismo…Los amigos han cambiado y el también cambio. Es una ficción escrita en el año 1982.
ʺEl mar y La muerte"
Creación
Esta obra es un homenaje a todos esos hombres que atraviesan el mar mediterráneo pensando que pueden encontrar el paraíso perdido. Una pieza inspirada en “El Exilado Mateluna”, uno de los clásicos del Aleph.
Un abrazo.
Oscar Castro
Director del Teatro Aleph

La Segunda
20 FEVRIER 2016
Quand un homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve sa liberté
Oscar Castro, acteur, metteur en scène et dramaturge.
« Quand un homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve sa liberté ».
Par Rebeca Araya Basualto
On l’appelait El Cuervo (Le Corbeau) quand sa fine silhouette de vingt ans et sa crinière noire de jais étaient incontournables dans la bohème Santiaguine.
C’était le début des années 70 et la vie de l’étudiant en journalisme de la U.C (Université Catholique), acteur, dramaturge et directeur du théâtre Aleph, Oscar Castro (68 ans) était une fête splendide que personne ne voulait manquer. Ses idées intarissables, les pièces de théâtre qu’il écrivait dirigeait et jouait, étaient dans la conversation quotidienne du Chili en transition de la « révolution en liberté » de la DC (Démocratie Chrétienne) vers la « révolution au goût d’empanadas et de vin rouge » de Salvador Allende.
« Avec les années, dit-il, j’ai découvert que je n’ai jamais fait de théâtre. Je fais quelque chose qui ressemble, mais ce n’est pas du théâtre, car ce qui m’intéresse c’est de mettre la vie en scène. Quand j’étais prisonnier, j’ai mis la prison en scène. Lors de mon exil en France, j’ai mis mon étonnement devant Paris et la nostalgie des exilés à la vue de tous. Cela intéressait les français et aujourd’hui je parle toujours de la vie ».
Sa crinière a cessé depuis des années d’être noire de jais et l’homme curieux et doux qui nous reçoit et nous invite à un petit déjeuner bien fourni n’a rien d’une fine silhouette. Les victuailles arrivent sur cette table improvisée sous une bâche à l’air libre, apportées par de jeunes acteurs, par les maîtres qui travaillent à la réfection de la maison en briques qui se dessine dans le fond et Gabriela Olguin qui dirige la compagnie Aleph du Chili formée par Oscar Castro en 2013 et où il revient chaque année pour jouer avec ses disciples.
Entre toasts à l’avocat et arôme de thé, nous écoutons l’histoire de la maison en ruine où ils sont en train de s’installer, depuis que le ministre du patrimoine l’a appelé pour lui offrir un lieu correspondant à la description faite par Oscar Castro quand il lui a parlé du lieu dont il rêvait pour réinstaller son théâtre Aleph au Chili : « Grand pour que tout le monde rentre, dans un quartier populaire sans théâtre dans les environs, pour qu’on vienne nous voir et proche du métro pour que tous ceux qui le souhaitent puisse venir. »
L’ami d’Hamlet
En 1966, Castro, fils d’une famille d’agriculteurs Talquinos (de Talca) et élève de l’Institut National, cherchait avec ses amis, le meilleur moyen de rencontrer les filles du Lycée 1 quand lui vint l’idée de créer une troupe de théâtre et ils allèrent les chercher de la manière la plus sérieuse.
Parmi celles qui intégrèrent le groupe, se trouvait Michelle Bachelet.
« Elle était jolie, douce et elle aimait chanter. Nous devinrent de grands amis et quand il y avait des fêtes je parlais avec son père. Je lui demandais la permission et je m’engageais à respecter les horaires fixés par le Général. »
Le groupe théâtral a réussi à réunir 60 membres. Et ils montèrent « L’ami de Hamlet », pièce choisie à cause du grand nombre de personnages. Bachelet jouait une infirmière et cette pièce fut la première et dernière pièce avec les filles du Lycée 1.
L’année suivante il restait 10 membres dans le groupe et la seule femme était sa sœur, Marieta Castro. Et dans les répétitions elles manquaient beaucoup.
Qui décida quel serait le directeur ?
Je crois que c’était ma passion. J’ai inventé que j’étais l’ami d’Hector Duvauchelle, à l’époque très fameux, tout comme sa compagnie. Et qu’il était curieux de voir nos répétitions. La motivation dura jusqu’à ce que quelqu’un fatigué que mon ami ne vienne jamais, s’écria : « Allons le voir à son théâtre, tout de suite ! ». Nous n’étions pas loin, je ne voulais pas avouer mon forfait et nous partîmes à pied. A chaque croisement je me promettais : « Bon, maintenant, je vais leur dire la vérité. » Mais je n’ai jamais pu. Nous sommes arrivés alors que le spectacle venait de terminer. Hector sortit avec son frère Humberto. Je ne savais pas lequel des deux était Hector et je dis très bas : « Salut Hector ». Il me regarda, vit tous mes amis derrière moi, ma tête désespérée et ce fut un miracle : « Comment tu vas, dit-il, Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? » Et nous répétâmes toute la soirée avec lui : de la magie pure !
Le groupe se consolida autour d’Oscar comme dramaturge et de la création collective comme méthode et philosophie. Ils choisirent un nom : Aleph… Et naviguèrent sous les vents favorables de la réforme universitaire de 68. Ils transportèrent le théâtre, comme beaucoup de cette génération, dans les coins les plus reculés, ils fêtèrent le triomphe de la UP (Unité populaire) et revinrent acclamés en août 1973 du célèbre festival de théâtre de Nancy, en France. Oscar avait terminé ses études de journalisme, il était marié et avait son premier enfant.
Fini la fête.
Magnifique conteur d’histoires, il les égrène avec sa voix douce et des pauses exactes. Certaines se terminent inévitablement en éclat de rires et d’autres avec de longs silences qu’il est difficile de rompre. Comme celle-ci où il finit par devenir le « Maire » du camp de prisonniers de Punchuncavi, d’où il sortit en exil avec sa sœur Marieta, vers Paris alors qu’il avait 29 ans.
« En 74 ils fermèrent notre théâtre et nous fumes arrêtés avec ma sœur. Ma mère et mon beau-frère vinrent nous voir à Tres Alamos ils les arrêtèrent et ils sont aujourd’hui encore disparus. »
Il raconte qu’il décida alors que sa vengeance serait de vivre et d’aider les prisonniers à rire de leur disgrâce. Il créa des centaines de pièces et fonda des groupes de théâtres composés des prisonniers de Tres Alamos, Punchuncavi et Ritoque. Là, il composa son personnage le plus désopilant : le maire des prisonniers.
« J’ai trouvé un frac et un haut de forme dans une livraison de vêtements usagés. C’était mon costume, avec une écharpe présidentielle et c’est tout. Une partie de mon travail consistait à recevoir les prisonniers qui arrivaient, le plus souvent après de mauvais traitement… et de faire mes adieux à ceux qui quittaient le camp.
Comment accueilliez-vous les prisonniers ?
J’apparaissais dans une brouette conduite par deux prisonniers. Je descendais pompeusement et je leur souhaitais la bienvenue à cette nouvelle étape du championnat qui se déroulait depuis plusieurs années et qui se disputait aujourd’hui dans cette ville où la locomotion était très bonne pour arriver mais très mauvaise pour le retour. Mais j’ajoutais que le Maire était en train d’essayer de résoudre ce problème. Et je continuais avec ce qui me passait par la tête. »
Il se souvient que parfois il arrivait à les faire rire. D’autres fois cette conduite surréaliste les distrayait un instant de l’angoisse et de la douleur physique. Les militaires les laissaient faire parce que les pièces de théâtre étaient la seule distraction possible dans les camps. « Le théâtre invente des mondes, dit-il, et quand l’homme se souvient qu’il peut créer et rire de lui-même, il trouve la liberté, à l’intérieur de lui-même. »
Aleph à la Cisterna
Tes utopies, tu dois les avoir mais aussi les entretenir
Une conversation accidentelle avec le ministre Victor Osorio est à l’origine du projet qui vous fera revenir en septembre et que vous suivez depuis Paris : « Je vous ai raconté qu’en 1976, quand je suis arrivé en exil à Paris, nous avons conçu un théâtre en France où l’on peut recevoir notre public sur fond de musiques latino-américaines avec des plats chiliens et après avoir vu nos pièces de théâtre, le public peut rester danser jusqu’au bout de la nuit. Nous allons faire la même chose au Chili. »
En France L’Aleph dispose d’une académie, comme celle que Castro fait fonctionner au Chili lors de ses visites depuis 2013 en travaillant dans les quartiers populaires. Son principal postulat sur la pédagogie théâtrale : « J’exige que mes élèves aient un autre travail à côté de leur activité théâtrale. Pourquoi ? Parce que le théâtre est une utopie et que tes utopies, tu dois les avoir mais aussi les entretenir. Quand je suis arrivé en France j’étais peintre en bâtiment et j’ai écrit depuis et joué des choses que j’ai apprises à cette époque. »
Aujourd’hui à Santiago, il dispose d’un petit groupe d’élèves formés par l’Aleph qui vont prendre en charge les cours de théâtre de la Municipalité de La Cisterna. « Je reviendrai donc plus souvent. Maintenant j’ai un lieu pour travailler », conclut-il.
